Ski de Fond en Laponie finlandaise
Le village de glace de Lainio
Ski de fond en Finlande, Jeudi 14 Mars
Point de vue d'Haavepalo
Record du mercure à 7 h ce matin: -33°C… Non, non, cela ne nous effraie pas!!! Nous sommes huit à prendre le bus local qui part à 9 h vers l’est du domaine. Le reste du groupe partira plus tard, les uns pour visiter Lainio, le village de glace, tandis que d’autres tenteront les chiens de traineaux. Après avoir fait de nombreux arrêts pour prendre d’autres skieurs, le bus nous dépose à Totova pirlli. Ce matin, nous sommes tous en alternatif. Fort de l’expérience des jours précédents, je n’attends pas d’avoir froid aux mains pour insérer les chaufferettes dans les moufles, d’autant plus que nous démarrons à l’ombre. La piste part plein ouest, tout d’abord en faux plat qui se transforme rapidement en une montée régulière jusqu’au point de vue d’Haavepalo. Là, nous arrivons sur un vaste plateau qui offre une vue dégagée sur les plaines alentour.
Après quelques photos,
le froid nous rappelle à l’ordre, mais ce n’est pas la descente qui nous réchauffera. Les paysages de ce côté-ci sont un peu plus monotones. La piste est relativement plate jusqu’à l’abri de Villen kämppä, où nous nous arrêterons pour manger. Nous nous serrons à l’intérieur pour nous réchauffer. Il y a déjà quelques skieurs installés sur un banc devant la cheminée et la chaleur n’arrive pas jusqu’à nous. Une fois le sandwich avalé, nous sortons, il fait presque meilleur dehors au soleil. Un petit vent glacial nous accompagne au départ, ce qui nous incite à avancer. La piste est très légèrement vallonnée jusqu’au gîte de Latvamaja, où nous faisons une vraie pause au chaud. Ce gîte est vraiment accueillant avec sa grande cheminée centrale où des skieurs se font cuire des saucisses. Un bon Mehu va nous requinquer pour parcourir la dizaine de kilomètres qui nous sépare d’Akäslompolo. Nous longeons le lac de Kasänk par une piste au relief accidenté puis rentrons tranquillement. Nous réitérons le rituel du soir: bière, jus de pomme et sauna avant le repas.
Après le repas, nous fartons nos skis avant de remonter dans la chambre. Depuis le début du séjour, nous sommes inscrits sur la «wake-up list» pour être réveillés si une aurore boréale est observable. En effet, les conditions optimales sont réunies: cette année, les éruptions solaires sont importantes, nous sommes dans les bons mois, à la bonne latitude, les nuits sont claires à cause du climat très froid… Vers 22 h 30, le téléphone sonne. Je décroche: «Allo, une aurore boréale risque de se former avec une probabilité de 6 sur une échelle de 10» , nous prévient la barmaid. Tout émoustillés, nous nous habillons chaudement et sortons rapidement avec appareil photo, pied photo, batterie de rechange, frontale, rêvant déjà d’une lumière irisée verte et rose, déferlant par vagues et transcendant ces paysages nordiques déjà magnifiques… Nous nous dirigeons à grands pas, pour ne pas en perdre une miette, vers le lac situé à une dizaine de minutes de l’hôtel afin d’avoir une vue dégagée avec très peu de lumière parasite. L’endroit idéal est trouvé, je me gèle les doigts à déplier le pied, tout en métal, fixer l’appareil, passer en MAP manuelle et pose longue… Bref, tout est prêt pour saisir l’instant magique du drapé de la fameuse Northern Light…
Malheureusement, au bout d’un quart d’heure, il faut bien se rendre à l’évidence: une simple brume, comme un nuage vertical a traversé le ciel. Avant d’être pétrifiés par le froid, nous rebroussons chemin vers l’hôtel. Un regard sur le thermomètre qui indique -28°C et nous rentrons au chaud. Nous sommes déçus et un peu dégoûtés. Quel attrape-touriste et dire que les Japonais, très nombreux en Laponie, paient une fortune des sorties en moto neige, pour cailler pendant des heures afin d’aller admirer d’improbables aurores boréales!
Ski de fond en Finlande, Vendredi 15 mars
Le village de glace de Lainio
Pas de surprise au lever,
la température est toujours de -33°C. Avec Philippe et Laurent, nous décidons d’aller en skating au village de glace de Lainio, situé à l’est du domaine à environ 25km, dans le même secteur que la veille. Nous prenons uniquement les pistes bleues afin d’éviter les bosses, car la moindre montée par ces températures devient un enfer. Je ne me pose même plus la question de mettre ou pas les chaufferettes, elles sont au chaud dans les moufles dès le départ. Au premier arrêt, les garçons rigolent en me regardant. Eh oui, en peu de temps, j’ai pris un bon coup de vieux, les quelques cheveux dépassant de la cagoule ont blanchi!
Les pauses sont réduites au minimum car l’on se refroidit très vite. Nous allons manger à la cabane de Villen kämppa, comme la veille. Il est tôt, nous sommes les seuls, ce qui nous permet de faire un feu et de se mettre juste devant la cheminée. Nous avons moins froid que la veille, mais nous ne nous éternisons pas une fois le sandwich avalé. Il nous reste un peu plus de 7km pour arriver au village de glace de Lainio, par une piste que nous n’avons pas encore empruntée. Nous l’atteignons vers 14h et y retrouvons Patricia, Jean, Ivan et Anna, venus en bus jusqu’à Ylläsjärvi.
Le village de glace de Lainio
est construit chaque année, dès les premières chutes de neige importantes en Novembre ou Décembre. Il est constitué d’une partie hôtel avec de nombreuses chambres dont certaines sont recouvertes de sculptures sur les murs, toutes plus belles les unes que les autres. Un visage de femme dans l’une, un aigle dans une autre, une chambre d’enfant avec des nounours dans une troisième. Un monstre mi-homme, mi-sanglier, sans doute un personnage de la mythologie nordique, garde le lit de la reine et, dans une autre pièce, un viking au regard hypnotique navigue sur son bateau-lit de glace. Bref, si vous voulez faire les cauchemars de votre vie, je vous invite à louer une chambre et y passer la nuit! Il y a également une chapelle, un bel escalier et une seconde partie constituée d’un bar et d’une salle de restaurant, le tout avec un éclairage mettant en valeur l’ensemble des pièces. C’est très original, varié et les sculptures sont des œuvres d’art d’une grande finesse… Un grand bravo! Nous prenons un taxi familial pour rentrer à l’hôtel.