Agrandir le DIAPORAMA

Rando bivouac Ecrins - Champsaur
Lac des Estaris, vallée de Champoléon

Lundi 25 août

Dormillouse - Col de Fressiniéres - Grand lac des Estaris - Lacs Jumeaux (+1400m , -350m)

Il est 8h15, nous arrivons au parking de Dormillouse, le ciel est bleu et la température de 6°C nous rappelle que nous sommes dans les derniers jours d’août. Le soleil éclaire déjà la pente qui mène au hameau de Dormillouse 300m plus haut. En une quarantaine de minutes, nous arrivons à l’entrée du village, et déjà le ciel laisse apparaître de nombreux nuages moutonnants. Dédaignant cette bergerie céleste, nous laissons à gauche le sentier qui monte aux lacs Paluel et Faravel et partons en direction du col de Fressinières; la pancarte indique 4h.

Le sentier Lac des Estariss’élève doucement puis la pente se redresse pour passer au-dessus d’une cascade. Après une pause graine, un réglage de sac à dos, c’est reparti sous le ciel gris désormais. Nous essuyons même une courte averse, mais la pluie n’arrête pas le pèlerin…des Écrins! Nous décidons de pique-niquer environ 300m sous le col de Fressiniéres à l’abri du vent. Nous avons déjà grimpé 1000m. Requinqués et quelque peu allégés, nous repartons vaillamment vers le col de Fressiniéres. Nous sommes à 2782m, le ciel est gris, le vent est tombé, et le grand lac des Estaris nous tend les bras 250m plus bas. Nous faisons le tour du lac, le soleil semble vouloir se montrer à nouveau. Afin de trouver le plus bel endroit de bivouac, nous faisons le tour de chacun des lacs aux alentours, le Profond, le Long (malheureusement, le télésiège d’Orcières Merlette est trop présent), le Sirène (trop près de la piste), pour terminer par les lacs Jumeaux qui sont le plus à l’écart et nous enchantent au premier coup d’œil.

Lac des Estaris

Nous plantons notre nouvelle tente, la Hubba Hubba NX de MSR, sur un tapis d’herbe grasse. Le lac est ourlé de linaigrettes, bel endroit pour la photo surtout que le soleil fait de fréquentes apparitions. Nous reprenons sans difficulté nos petites habitudes de bivouac: un thé - petits gâteaux, puis la série des trois soupes, entrecoupée de photos, repos, lecture. Nous avons de magnifiques éclairages en fin d’après-midi. Vers 19h, nous prenons la semoule de couscous en sachet individuel: 1mn dans l’eau bouillante, assaisonnée d’un bouillon cube. Cela a bon goût et cela vaut les plats lyophilisés vendus fort cher. L’endroit est vraiment bien exposé, car le soleil nous honore de sa présence jusque vers 19h30! Et même une fois caché, la température reste tout à fait agréable, ce qui est assez inhabituel en montagne… De beaux nuages rosés apparaissent. Ce n’est pas forcément bon signe pour la journée de demain, mais restons optimistes!


Mardi 26 août

Une journée à dormir

Il est 5h, la nuit est étoilée me dit Patrick, super! Avant que le réveil ne sonne, les premières gouttes de pluie cognent sur la tente. Bien, bien, laissons passer cette petite averse insignifiante… À 8h, il pleut toujours, à 9h aussi, mais il faut bien se décider à sortir pour faire chauffer l’eau pour le café. Je m’y colle puis on déjeune tranquillement sous la tente en se disant que cela va bien finir par s’arrêter. Le ciel est gris, mais les nuages ne semblent pas trop épais, il faut bien se rassurer comme on peut! Patrick me dit que l’on ne peut pas passer le col de Prelles sous la pluie, car c’est un col hors sentier qui n’est pas évident d’après ce que l’on a pu lire ou entendre, la descente présentant un passage au-dessus de barres rocheuses. Nous décidons donc d’attendre, allongés sous notre petite tente en nous disant que, peut-être nous pourrons partir cet après-midi. Sinon, deux options s’offrent à nous: demain, il fait beau et nous franchissons le col de Prelles comme prévu, ou alors c’est toujours la crasse et nous descendons sur le village de Prapic et adapterons notre tour ensuite.

Les heures passent lentement, mais la pluie quant à elle demeure et s’intensifie même à certains moments. Vers 12h, nous entendons le troupeau de moutons, j’entrouvre alors la tente, mais le brouillard est tellement épais que je les devine à peine. Il ne faut pas se laisser abattre: Patrick coupe le saucisson sous l’abside, nous sortons le jambon fumé, puis la tomme et je termine par ma «pompote». Comme il pleut toujours, il n’y a rien d’autre à faire sous la tente qu’une petite sieste. À 16h, j’entrouvre l’œil et les oreilles, il pleut toujours. À 18h, une légère accalmie d’1/4h nous laisse juste le temps de chauffer de l’eau pour nous faire une soupe, puis cela repart de plus belle. Je me fais tremper pour préparer le Bolino «pâtes à la napolitaine». À 20h, quand on se couche, enfin façon de parler, car on a été couchés toute la journée… le vent s’est invité avec la pluie. Soyons optimistes, il va peut-être chasser le mauvais temps; l’espoir fait vivre…


Mercredi 27 août

Col de Prelles - Col du Cheval de Bois - Refuge du Pré de la Chaumette - Vallée de Champoléon (+320m, -1450m)

Lac des Estaris

Après une nuit très agitéee: pluie et vent, puis vent violent seul, le ciel est uniformément bleu au réveil. La tente a passé avec succès les épreuves de l’eau et du vent! Notre patience est enfin récompensée. Vers 8h30, nous voilà partis en direction du lac des Estaris, au-dessus duquel se dessine l’échancrure du col de Prelles. Le sentier monte en zigzaguant jusqu’au col à 2808m. Là haut, le vent est bien présent.

Le sentier Refuge du Pré de la Chaumette s’arrête là, on voit le tas de cailloux, du schiste dans lequel nous allons descendre. La pluie d’hier a bien ramolli le terrain nous facilitant la descente, positive attitude! Il y a un balisage bleu sur les rochers qu’il faut bien suivre, car le cheminement n’est pas évident. La vigilance s’impose, car nous sommes au- dessus de barres rocheuses, et la chute est interdite.

Nous contournons Refuge du Pré de la Chaumette un névé par une vire un peu fine, pour arriver finalement en bas du col. Une langue de glace subsiste et sans crampon, impossible de la traverser. Il nous faut donc descendre un peu, remonter et rejoindre le sentier en traversée dans le vaste pierrier. Nous rejoignons le col du Cheval de Bois où nous faisons notre pause graine bien méritée, il est déjà 11h15. Nous pouvons voir le col de Prelles et nous cherchons notre itinéraire de descente dans cet amas de roches, en vain… Il est encore dans l’ombre, ce qui le rend encore plus impressionnant. Nous avons également une superbe vue sur le fameux col de Méollion, qui est aussi un col hors sentier, que nous avions passé il y a 4 ans pour rejoindre le lac de Cédéra.

Refuge du Pré de la Chaumette

Nous continuons vers le refuge du Pré de la Chaumette où nous faisons un pique-nique amélioré en ajoutant une bière et une tarte du Champsaur. Il n’y a pas de mal à se faire du bien! Nous achetons même un jeton pour prendre une bonne douche réparatrice, faire une petite lessive, et le temps qu’elle sèche nous faisons un petit sieston. Ce refuge, situé sur le GR54 et à proximité d’une route attire de nombreux randonneurs. Il est déjà 15h40 quand nous quittons le refuge du Pré de la Chaumette, direction le village des Baumes dans la vallée de Champoléon. Nous passons devant la cascade de Prelles, cela descend ensuite tout doucement, il nous faudra environ 2h30 pour le rejoindre les Baumes. De l’autre côté du torrent, nous apercevons la cascade où Patrick avait projeté de bivouaquer, mais cela n’est pas possible. De toute façon, nous avons notre compte pour la journée et nous visons un bord de champ en amont du village des Baumes. Il est plus de 18h, nous avons monté 320m et descendu 1450m. C’est parti pour les soupes et le couscous avant de s’écrouler sous la tente.

Auteurs : Patrick et Corine Willemain