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Trek au Vanuatu
Ambrym, les volcans Marum et Bembow

Ambrym, l'île noire

Dimanche 14 octobre: Efaté, Port Vila - Ambrym, Craig Cove - Sesivi - Lalinda

Faute de place nous partons dans 2 avions différents, les premiers à 7h30, et nous à 9h30, pour un vol de 50mn. Nous atterrissons à Craig Cove sur l’île d’Ambrym où l’aéroport se résume à une piste avec un restant de bitume et une vieille cabane. Ambrym, nommée aussi «l’île noire» a en son centre, une énorme plaine de cendres de 12km de long, ancien volcan d’où émanent le Mt Marum et le Mt Bembow culminant à environ 1200m. Ces volcans sont en éruption permanente et offre un spectacle impressionnant par temps dégagé! Pour les ni-Vanuatu, leur activité et la pratique de la magie sont étroitement liés. Thomas nous attend pour nous accompagner dans le village et rejoindre le reste du groupe arrivé 2h plus tôt. Francis, un ni-Vanuatu, nous fait visiter son village, Craig Cove.

Nous passons auprès d’un four à copra Vanuatu - Ambrym - Marum - tambour où sèchent des noix de coco, puis nous nous arrêtons devant un totem à une tête qui fait office de tambour. Selon les croyances du Vanuatu, c'est la voix des ancêtres qui résonne lorsque l'on frappe le tambour. Installés sur la place centrale du village, ces tambours sont utilisés pour une cérémonie de prise de grade et, selon la croyance, les ancêtres viennent alors accueillir le nouveau chef. Plus le totem a de têtes, et plus le chef du village est gradé. Les ni-Vanuatu possédant les plus grands élevages de cochons sauvages peuvent accéder aux grades les plus importants. En effet, dans la culture Vanuatu, le cochon est un symbole de paix. Il est utilisé pour les échanges, rituels, cérémonies, tout en étant un signe de richesse, de pouvoir et de prestige pour son propriétaire.

Nous passons auprès d’un four à copra Vanuatu - Ambrym - MarumSes défenses sont un des emblèmes nationaux du Vanuatu. Nous continuons notre visite de Craig Cove par l’église, puis l’école française, avant de retourner chez Francis pour un repas frugal. Nous devons attendre ensuite les pick-up qui nous conduiront à Lalinda, au sud d’Ambrym, pour y passer la nuit avant de monter dans la caldeira. L’île ne compte que 2 pick-up et, comme ce sont les élections dans quelques jours, les partis politiques en utilisent un pour la campagne électorale. Il faut donc de nouveau faire 2 voyages. Les collégiens, qui rentrent à l’internat pour la semaine, profitent du véhicule pour aller jusqu’à Sesivi. Au départ, 2 ou 3 enfants nous accompagnent, mais nous faisons de nombreux arrêts pour en récupérer tout le long du trajet, jusqu’à atteindre 6, 7 enfants debout sur le pare-choc arrière. Un vrai bus scolaire! Quelle joie de vivre! Ils ont un tout petit sac, mais surtout une grosse machette, ainsi que papayes et mangues. La piste traverse de belles palmeraies, bananeraies avant d’arriver au collège où nous laissons les élèves. Vers 15h30, nous arrivons au petit village de Lalinda où nous montons nos tentes.

Vanuatu - Ambrym - Marum - plage de sable noire

Nous allons prendre un bain sur une plage de sable noir, mais il y a de très grosses vagues et un fort courant qui freinent nos ardeurs. Entre temps nos compagnons nous rejoignent et nous allons déguster le lap-lap, plat local à base de semoule de manioc. Avant la tombée de la nuit, nous allons observer l’envolée des roussettes, grosses chauves-souris frugivores qui se pendent en haut des tamaris. Nous assistons ensuite à la préparation du kava, boisson enivrante et non alcoolisée aux effets relaxants. La racine de la plante, sorte de poivrier sauvage, est pilée dans un gros bambou creux. L’eau est ajoutée à la poudre obtenue, puis la préparation est malaxée à la main avant d'être filtrée. L’opération les occupe un bon moment. C’est enfin prêt à déguster. Je m’aventure pour un fond de shell, récipient fait dans une demi-noix de coco, qui est l’unité de mesure pour le kava. Cela a un goût poivré qui anesthésie la bouche… les plus braves prendront deux shells de kava avant d’aller manger. Quelle surprise, la table est recouverte de grandes feuilles de bananier faisant office de nappe et sur lesquelles est posée la nourriture: du porc grillé, du riz, des patates, du manioc, un pur régal pour les yeux et pour le corps. Rassasiés et détendus, nous regagnons nos tentes car une longue journée de marche nous attend demain.


Ambrym, le camp de base

Lundi 15 octobre: Lalinda - Caldeira des volcans Marum et Bembow

Au lever vers 5h30, il y a quelques gouttes de pluie, mais rien de bien méchant pour l’instant. Nous préparons nos gros sacs à dos pour les porteurs et prenons des forces pour les 700m de montée, en mangeant un gâteau bien nourrissant à base de noix de coco. Un guide local doit nous accompagner jusqu’au camp de base du Marum, au bord de la caldeira. Vers 8h, nous partons sous une pluie fine et rapidement nous entrons dans la forêt, c’est superbe, une vraie jungle: lianes, banyans, fougères arborescentes,… la pluie s’intensifie et très vite nous sommes tous trempés, mais c’est une pluie chaude et il vaut mieux ne pas se couvrir. Il faut juste être vigilant car le terrain devient plus que glissant. Notre guide, lui, marche pied-nu. Maintenant cela grimpe et le groupe s’étire.

Nous faisons une bonne pause vers 11h Vanuatu - Ambrym - Marum - jungle car il nous reste environ 2h de marche. Une accalmie nous permet de sécher et de prendre quelques photos de cette magnifique forêt, mais malheureusement cela ne dure pas. Trempés et bien fatigués pour certains, nous atteignons la caldeira où nous établissons notre camp pour 3 nuits. Sur une cendre très fine, noire, chacun installe sa tente dès que l’accalmie se présente. Une grande bâche bleue sous laquelle ont été installés tables et bancs sera notre salle de séjour pendant 3 jours. Dans une grange en bois, le guide et deux porteurs feront le feu pour chauffer l'eau des repas. Après s’être restaurés, le temps est relativement clair et nous en profitons pour aller jusqu’à la station d’observation du volcan. Les mouvements du volcan sont mesurés pour être étudiés au centre volcanologique de Port-Vila. Nous montons sur la caldeira et découvrons une belle vue sur les volcans Benbow à gauche et Marum à droite d’où s’échappent de beaux panaches de fumée. Thomas explique que la caldeira, un cratère d’effondrement de 12km de diamètre, s’est formée il y a moins de 2000 ans sous l’effet du dégazage de la chambre magmatique et abrite les deux cônes volcaniques du Marum et du Benbow. La lave est à quelques kilomètres sous nos pieds. De nombreuses orchidées roses ainsi que de petits bambous profitent de la richesse en minéraux dans cette caldeira.

Vanuatu - Ambrym - Marum - orchidee

Le contraste de la lave noire avec le vert des plantes et le blanc-rose des orchidées est magnifique. Nous rentrons en fin d’après-midi au camp et attendons que l’eau chauffe pour préparer une soupe, des spaghettis bolognaise, milanaise, carbonara, du bœuf aux oignons ou encore du jambon aux lentilles. Pour certains, c’est la première expérience avec les plats déshydratés: ce n’est pas très concluant, mais cela nourrit. Puis nous observons les étoiles et la voie lactée et montons sur la caldeira pour observer le nuage de fumée rouge qui s’échappe du Benbow. Malheureusement, il disparaît rapidement sous une épaisse couche de nuage, ce qui n’est pas de bon augure pour demain, mais on verra… Vers 20h30, chacun rentre sous sa tente et la pluie ne tarde pas à nous bercer…


Ambrym sous le déluge...

Mardi 16 octobre: tentative d'observation du volcan Marum

Après quelques averses nocturnes, c’est la pluie tropicale entre 5 et 6h du matin juste pour tester l’étanchéité des tentes. Le test n’est pas concluant du tout pour Nathalie et Tony qui n’ont pas de double toit et qui ont les sacs bien humides. Ce n’est que le début de la galère pour eux... L’accalmie au lever est suivie d’une brève éclaircie qui nous laisse espérer, mais la pluie ne tarde pas, avec des passages plus ou moins forts, jusque vers 11h30. Tandis que Martine construit des digues, Maxime s’est spécialisé dans le vidage des seaux mis à différents endroits de la bâche car ils se remplissent à une vitesse impressionnante.

Heureusement que nous sommes sur de la cendre Vanuatu - Ambrym - Marum - camp car cela absorbe très bien l’eau, sinon cela aurait été l’inondation générale. Vers 11h30, nous mangeons pour passer le temps. Thomas décide de monter au Marum, et non pas au Benbow comme prévu au programme, car, pour ce dernier, c’est plus délicat de descendre en rappel sur une des terrasses avec un terrain détrempé. Nous aurons une seconde chance demain. Vers 13h30 les sacs sont prêts avec casque, masque à gaz, frontale et polaire, l’équipement du parfait volcanologue. Sous une pluie fine nous regagnons la caldeira, mais très vite elle laisse place au brouillard avec vent en prime, que du bonheur… très vite, nous sommes trempés. Nous arrivons à la coulée de 1985, un vrai champ de labour avec des concrétions de lave noire et quelques roches rouges charriées par la rivière. Dommage qu’il pleuve car ce décor de roches déchiquetées est vraiment splendide.

Vanuatu - Ambrym - Marum - lac

Nous passons entre les murs de lave, puis arrivons à un lac rempli d’eau qui d'habitude est à sec. Ce n’est pas étonnant vu ce que nous prenons sur la tête depuis cette nuit. Patrick arrive à prendre quelques photos de ce dernier, sans trop mouiller l’appareil. En chemin, nous nous équipons avec casque et masque, cela sent le souffre. Nous passons donc en hauteur pour atteindre le bord du cratère principal, dit du cochon actif. Au préalable, nous avons contourné les cratères Niri Membelsutaten et Niri Membelsu, fils et petit fils du cochon. Ils sont dangereux du fait de leur activité explosive qui projette des bombes et détache des morceaux de parois. Nous entendons «bouillir la marmite», c’est très impressionnant, mais, entre le nuage, la fumée et la pluie, on ne voit rien. Quelle déception! Nous guettons la moindre trouée de laquelle pourrait s’échapper une lueur rouge. Tout d’un coup, un cri de joie car une lueur rouge très fugitive, puis une seconde apparaissent, mais la buée et la pluie sur les lunettes ne m’ont pas permis de les voir! Le vent et la pluie nous refroidissent, nous sommes à environ 1200m. Nous restons un peu, en vain… puis nous continuons vers un autre point de vue, sans trop d’espoirs, mais on ne sait jamais! Malheureusement, la terre gronde et bouillonne sans que nous puissions voir quoi que ce soit, quelle déception… Nous rebroussons chemin, grignotons à l’abri du vent puis redescendons. Nous arrivons vers 19h au camp sous une pluie battante, transis de froid. Nous rentrons vite sous les tentes pour nous réchauffer et mettre un vêtement sec, pour ceux qui en ont encore. Dès que l’eau est chaude, chacun sort son super plat déshydraté, mange en silence et vers 20h30 va se calfeutrer dans son duvet.


Ambrym sous le déluge...

Mercredi 17 octobre: Nous regardons l'eau tomber...

Il a plu toute la nuit avec des intensités variables jusqu’à 5h du mat’. Au lever il fait gris, il y a encore du vent qui, espérons-le, chasse les nuages. Thomas nous annonce que si le temps se lève, nous irons à la source le matin et au Marum dans l'après-midi, pour y passer la soirée. Ce ne fût pas le cas, il plut toute la journée avec une alternance de pluie forte et de pluie plus faible. Nous avons le moral dans les chaussettes. Qu’avons-nous fait, ou pas fait au Bon Dieu pour qu’il s’acharne ainsi sur nous? Nous passons la journée à comater sous notre tente ou à discuter et manger sous la tente mess.

Le matin, je vais me réchauffer Vanuatu - Ambrym - Marum - porteur au pied du feu où l’eau chauffe et discute avec notre guide local, Josis, qui m’explique qu’il fait ce métier depuis 22 ans. Son ami fend le bois pour extraire de petits copeaux un peu plus secs qui permettent d’alimenter le feu. En même temps, il taille une tête pour faire un haut de canne. Après le repas c’est sieste forcée. Dans l’après-midi les porteurs du village d’Endu, vers lequel nous descendrons demain, arrivent au camp. Cela rigole beaucoup sous la cabane, ils se font des blagues, nous dit Thomas. Au moins, eux, ils sont joyeux. Avec Gaston, nous échafaudons des hypothèses: si le temps est dégagé à minuit, nous montons au Marum, sinon c’est encore jouable en partant au plus tard à 7h30 le lendemain, pour ceux qui se sentent d’enchaîner la montée au Marum et la descente sur Endu, soit une bonne dizaine d’heures de marche. C’est sur cette note d’espoir que, vers 19h30, nous nous enfilons dans les duvets.


Ambrym, retour sur la côte

Jeudi 18 octobre: traversée de la caldeira des volcans Marum et Bembow - Endu

Le début de nuit est plutôt calme ce qui est de bon augure mais, vers 3h du mat’ c’est le déluge pendant une bonne heure, je pense. Vers 5h, cela s’arrête, le jour se lève et le ciel s’éclaircit très lentement. On y va, on n’y va pas, les échanges vont bon train. Seuls, Gaston, Patrick et moi sommes prêts à tenter la montée au Marum, au risque de ne rien voir, mais Josis n’est pas chaud du tout et le déconseille vivement à Thomas. Nouvelle déception car, dans ma tête, j’étais prête! Ce sera donc descente directe pour tous. Les sacs sont prêts et chaque porteur choisit le sien. Après une photo de groupe, touristes et porteurs, nous sommes sur le départ.

Vanuatu - Ambrym - Marum - traversée de la caldeira

C’est la mort dans l’âme que nous partons pour 7h de marche et 23kms. La météo est beaucoup plus clémente, mais il y a encore une épaisse couche de nuage sur les sommets des deux volcans. Pour atteindre Endu de l’autre côté d’Ambrym, il faut traverser la caldeira dans toute sa longueur, soit une douzaine de kilomètres. Lors d’une pause, pour nous remonter le moral, John, d’un coup de machette, tranche un palmier dont il enlève une à une les différentes écorces du tronc pour en extraire le fameux cœur. Un régal, rien à voir avec le cœur de palmier en conserve. Après cette pause, nous poursuivons dans la caldeira qui se transforme en un lit de rivière. Nous pique-niquons au pied d’une colline qui marque la fin de la caldeira. En haut, quelle surprise, c’est bien dégagé avec d’un côté une très jolie vue sur la mer et de l’autre le Marum qui nous nargue… Le sentier, très étroit, alterne faux plat et descente dans une belle forêt de palmiers, fougères arborescentes, bananiers et hibiscus… c’est superbe. Au bout d’une heure nous arrivons au bord de mer, attendons le reste du groupe, puis continuons jusqu’à une petite plage où un ni-Vanuatu nous attend et nous offre un coquillage. Il nous invite sous une hutte à prendre une citronnade et différents fruits préparés: papaye, pamplemousse, chips de manioc, concombre, amandes,… quelle bonne surprise.

Cela requinque les troupes pour aller jusqu’à Endu. Vanuatu - Ambrym - Marum - hibiscusC’est un joli village de 200 habitants où nous allons passer 2 ou 3 nuits sous tente, dans la famille de John. Nous étalons toutes nos affaires au soleil, mais très vite les premières gouttes arrivent. Après 3 jours de lingettes, nous apprécions la douche avec un grand seau d’eau froide. Thomas nous donne rendez-vous vers 18h pour aller au nakamal ou bar à kava. Les hommes s’y réunissent chaque soir pour prendre plusieurs shells de kava afin de se détendre avant le repas. Le chef du village, Mosis, vient nous souhaiter la bienvenue et nous explique la fabrication des différents kavas; le jaune est plus fort, mais moins piquant que le blanc. La bonne dose est de prendre deux shells de jaune et terminer par un shell de blanc. Les habitants d’Endu restent discrètement à l’extérieur du nakamal, nous allons vers eux pour discuter et rapidement la bonne humeur s’installe. Quelle joie de vivre, tout semble si simple, si naturel ici! Puis nous regagnons notre camp pour aller manger. Les tables sont recouvertes de torchons qui cachent la nourriture. De nombreuses mamans et leurs enfants nous attendent pour nous mettre autour du cou de beaux colliers de fleurs qu’ils ont confectionnés. Chacun de nous se présente. Nous nous asseyons, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, tandis que John entonne une courte prière avant de soulever le torchon. Il y a du lap-lap entouré de feuilles de tarot, une salade à base de fougères, du potiron, des chips de manioc et de la papaye. C’est très bon. Bien fatigués par notre journée de marche, nous regagnons nos tentes.


Ambrym, Endu, un village authentique

Vendredi 19 octobre: vie tranquille dans le beau village d'Endu

Le début de nuit fut relativement calme, mais vers 3h du matin le déluge s'abat sur nos tentes, puis des pluies plus éparses se relaient jusqu’au matin. Au lever, c’est bien couvert. Nous partons visiter Endu avec John, passons d’abord à côté du four à copra. En face de l’unique boutique les femmes lavent et coupent le kava que les hommes prépareront et boiront au nakamal le soir. Notre visite est entrecoupée d’averses. Nous poursuivons vers le dispensaire, puis visitons une école primaire et maternelle.

Vanuatu - Ambrym - Endu - école

Nous échangeons quelques mots avec l’instit qui nous dit qu’il y a 50 enfants au total. Nous rentrons au camp pour déjeuner puis allons rendre visite aux femmes qui tressent des sacs tandis que les enfants tressent des petites balles. Ils m’initient à la confection d’une petite balle. Il y a également de jolis colliers et je me laisse tenter. Ensuite, nous allons dans un autre village pour assister à la fabrication du lap-lap. Un homme râpe l’igname avec un tronc de fougère arborescente et, à côté, une jeune fille râpe la noix de coco, assise sur un banc où la râpe est intégrée au siège. C'est bien pratique!

Ensuite ils mélangent ces 2 ingrédients Vanuatu - Ambrym - Endu - igname - lap-lapen ajoutant de l’eau, puis la jeune fille étale des feuilles de bananier qu’elle dispose en croix, pose le mélange au milieu, puis le recouvre en repliant de nombreuses fois. Le plat est enfoui sous des pierres chauffées préalablement et cela cuira tranquillement pendant plus de 2h, ou bien 1h seulement s’il est à base de banane. En fait, on ne mangera pas celui-là, mais un qui a été préparé le matin avec du poulet. La femme enlève une à une les couches de feuilles de bananier, puis découpe de petits morceaux qu’elle mettra sur la table recouverte de feuilles de bananier. Chacun pioche avec les doigts, c’est bon et même très bon. C’est l’heure de rentrer à Endu sous une nouvelle averse, avec une feuille de bananier en guise de parapluie! Eh oui, au Vanuatu, la banane sert à beaucoup d'usages. Vers 18h, c’est l’heure de descendre au nakamal. On devait prendre l’avion pour Ulei dimanche, mais suite à des problèmes coutumiers, les avions ne passent pas. Il est donc prévu de partir demain matin vers 4h en bateau pour rejoindre Craig Cove. On se couche donc très tôt, un bref instant on aperçoit le croissant de lune et quelques timides étoiles qui disparaissent bien vite et sont même remplacées par une nouvelle averse!


Ambrym, Bye Bye !

Samedi 20 Octobre: Endu - Craig Cove

Comme prévu, le réveil sonne à 3h du mat et pour changer, il pleut et, en plus, il y a du vent. Après le petit-déjeuner nous démontons les tentes et bouclons les sacs. Nous disons adieu à nos hôtes et, vers 6h, les bagages sont chargés dans l’unique pick-up disponible sur Ambrym, l’autre étant réquisitionné par les partis politiques, élections obligent. Ils élisent les députés qui éliront eux-même les ministres; il y a 14 partis dans l’île. Gaston, Maxime, Jean-François et Nathalie montent dans le véhicule tandis que le reste du groupe part à pied. Nous marchons environ 1h30 jusqu’au village d’Aïssé où nous attendons le retour du pick-up. Patrick et moi échangeons avec les habitants. Un homme, portant son jeune fils dans les bras nous propose de visiter son village. Il y a 76 habitants. Le lap-lap est en fabrication à 2 endroits différents, pour le repas dominical.

Vanuatu - Ambrym - Endu - fabrication du lap-lap

De nombreux enfants nous suivent. Puis le pick-up est de retour pour nous emmener rejoindre nos amis. Peu de temps après notre arrivée, les 2 bateaux accostent; la mer est bien formée, cela promet. Pour nous rassurer, Thomas nous demande si nous savons nager, en fait, il n’y a qu’un gilet de sauvetage par bateau! Et nous voilà partis pour 3h en principe. Sur notre bateau, il y a un couple avec un jeune enfant. La femme est auvergnate, elle vit au Vanuatu depuis 13 ans. Elle nous explique que ce qui est difficile au début, outre l’éloignement de ses proches, c’est le fait que les ni-Vanuatu ont toujours le temps; ce qu’ils ne font pas une journée, ils le feront le lendemain… mais malgré tout, la vie est beaucoup plus facile; la nourriture ne manque pas et il y a une grande solidarité. Il fait vite très chaud, au bout d’un moment je somnole et c’est fatal… je nourris les poissons! mais cela passe très vite. Le temps du trajet, 3 bonites se font prendre à la ligne qui traîne derrière le bateau. Des dauphins nous tiennent compagnie un moment, quel spectacle! Il faisait trop chaud et subitement, nous prenons un bon grain. Un court instant, nous apercevons des poissons volants. Finalement il nous faudra 4h30 pour rejoindre Craig Cove. Vers 14h nous accostons, la faim au ventre. On se rue à la boutique pour acheter des gâteaux secs en attendant de manger. Ensuite, Thomas se démène pour que nous n’ayons pas les tentes à monter. Il trouve des chambres pour les couples, puis d’autres pièces pour les célibataires.

Henriette, Vanuatu - Ambrym - Craig Cove notre hôte nous accueille en s’excusant car les travaux ne sont pas tout à fait finis dans la guest house où nous allons dormir. Elle nous explique ses projets de rénovation pour avoir un peu plus d’argent afin de payer la scolarité de ses enfants. Cette dernière coûte environ 18000 Vatu soit 160€ par trimestre, pour les frais de scolarité dans un collège, ce qui est énorme. S’ajoute également l’achat de livres et de fournitures. Nous nous installons, prenons une douche, puis je vais faire quelques photos du cimetière qui domine la mer. Vers 17h30, on assiste à une cérémonie religieuse en plein air, en français; il y a beaucoup de chants, on sent une grande ferveur de la part des fidèles; un petit cochon noir traverse l’assemblée. Vers 18h30, il est temps d’aller au nakamal. Nous devons en faire 3 ou 4 avant d’en trouver un où il reste du kava. Au repas, nous mangeons le poisson pêché en route; il a été cuit dans du lait de coco et il est accompagné de riz, de banane et de manioc blanc ou jaune. La journée a été longue, vers 21h tout le monde se couche.

Dimanche 21 octobre: Craig Cove - Port Vila

Après une bonne nuit, je me lève à l’orée du jour pour aller faire quelques photos de Craig Cove. Le ciel est quasiment dégagé. Les enfants s’activent sous un manguier couvert de fruits. Vers 6h30, le chef du village frappe le totem pour appeler les villageois à l’office de 7h. Ces derniers sont endimanchés, un jeune garçon a même des chaussettes blanches et des chaussures vernies; les dames ont sorti leur plus belle robe. Rapidement après le p’tit déj, nous partons sacs au dos en direction de l’aéroport. Il n’y a que 20 places dans les avions et le chargement des sacs et des passagers est donc très rapide: nous décollons d’Ambrym vers 10h45.

Auteurs : Patrick et Corine Willemain