Nous arrivons vers 20h à l'hôtel Wira de Carita, petite ville portuaire à l'Ouest de l'île de Java. Nous sommes attendus chez une habitante qui nous a préparé un superbe repas à base de poissons grillés, crevettes, crabes et bien sur du riz qui est l'aliment de base des indonésiens. C'est un régal mais la fatigue est bien là et il nous faudra une bonne nuit réparatrice pour récupérer. Le réveil est prévu à 6h30, cela nous semble tôt mais en fait nous ne savons pas encore que ce sera presque l'unique nuit quasi complète du séjour. C'est sur un bateau de pêche que nous nous dirigeons vers l'île de Krakatau, située dans le détroit de la Sonde à 50 kms de Java et de Sumatra. Nous l'atteindrons après 3h30 de traversée.
Ce volcan «KRAKATAU»,
le 1er de notre périple est célèbre depuis l'éruption de 1883, l'île de Krakatau est à l'époque inhabitée. Lors de l'éruption soudaine du mois de mai 1883, le bruit est perçu à 150kms. Fin août, l'activité explosive du Krakatau augmente en puissance et en fréquence, le panache atteint 46 Km de haut provoquant l'obscurité totale dans un rayon de 400kms. Les explosions sont perçues jusqu'à 5000kms, l'onde de choc faisant 7 fois le tour de la terre. Les cendres retombent dans un rayon de 1800kms, le raz de marée qui suit atteint 48m de haut. Les nuées ardentes détruisent 300 villages et tuent 40000 personnes. Une nouvelle caldeira de 600m de profondeur se forme alors puis c'est le calme pendant 44 ans avant que n'émerge l'île dénommée Anak Krakatau (le fils du Krakatau) en 1928. Depuis cette date, on peut observer une activité strombolienne plus ou moins régulière avec des panaches noirs en forme de choux fleur le jour et d'immenses gerbes incandescentes la nuit.
Nous apercevons de loin un premier panache, puis le bateau s'approche face au cratère du Krakatau d'où se dégagent des fumerolles. Soudain, le spectacle est grandiose: une superbe gerbe noire jaillit en formant un énorme nuage en forme de choux fleur, puis 30mn s'écoule avant qu'un 2ème panache, encore plus haut ne jaillisse du cratère en éjectant de gros blocs de lave qui s'écraseront sur le flanc du volcan en faisant un bruit sourd, l'explosion finale s'échapppe du cratère du Krakatau comme une fusée noire. C'est impressionnant, nous restons sans voix, l'oeil rivé sur le cratère, le doigt sur le déclencheur de l'appareil photo. Ensuite, pendant que l'équipage s'affaire pour préparer le repas, nous piquons une tête dans une eau à 26° tout en jetant un oeil sur le monstre qui se cache derrière les arbres de l'île et qui nous honore de son panache à 2 reprises.
Après le repas à bord du bateau, nous rejoignons l'île par 2 ou 3 dans un petit canot, cette traversée sera épique pour les premiers qui prendront l'eau à l'arrivée, le cahier d'Isabelle ne s'en n'est pas remis d'ailleurs! Une fois tout le monde débarqué sur l'île de Krakatau, nous partons pour une petite demie heure de marche, tout d'abord en forêt puis sur une pente couverte de cendre telle une dune de sable noir, avant d'atteindre une crête en amont du cratère du Krakatau. Pendant une demie heure, nous implorons le volcan qui ne semble pas nous entendre, puis arrive l'éruption, mais elle est moins impressionnante car nous ne voyons pas le cratère et le soleil est face à nous. La descente puis la traversée en canot se passent sans encombre cette fois.
Nous rejoignons vers 18h
l'île de Rakata située en face du volcan, en admirant de nouveau le cratère du Krakatau explosant au soleil couchant. Après la baignade et le repas, certains dormiront sur le bateau, d'autres sur l'île de Rakata. Nous veillons jusque 23h en espérant voir les immenses gerbes incandescentes décrites dans le programme. Nous ne verrons que quelques filaments rouges très fugitifs qui dévalent du volcan et c'est un peu déçus que nous allons nous coucher. Le vent s'est levé et les vagues s'écrasent bruyamment sur le rivage. Le sommeil sera difficile à trouver.
Vers 5h30, il y a de nombreux bateaux de pêche. Le jour peine à se lever. Dès 6h le Krakatau se manifeste en envoyant un beau nuage de cendre. Après le démontage des tentes et la traversée en canot, nous rejoignons notre bateau où là aussi la nuit ne fut pas des plus calme! Après un petit déjeuner copieux, nous repartons pour Carita que nous devions atteindre vers 11h pour reprendre le bus pour Jakarta, puis un vol intérieur d'une heure pour Jogjakarta, mais il n'en fût pas ainsi. Au bout d'une 1/2h de navigation, le moteur se met à chauffer obligeant le capitaine à arrêter le bateau. Après un peu de bricolage, nous repartons. Plus le temps passe, plus nous avons l'impression que nous ne prenons pas la même direction qu'à l'aller. Nous alertons Narto qui, après avoir discuter avec l'équipage, nous confirme qu'ils se sont trompés de cap. Eh oui, ils n'ont aucun instrument de navigation! Très vite, nous comprenons que nous allons rater l'avion. Comme tous les vols sont complets, nous n'aurons d'autre solution que de faire le voyage en minibus sur environ 600Kms...
