Ski de Fond en Laponie finlandaise
De forêts en lacs, du nord au sud d'Yllas

Ski de fond en Laponie finlandaise, Mardi 12 mars

Aurinkotupa, vive le ski alternatif!

Toujours un beau soleil au lever, mais de plus en plus froid, la température indiquée à 7h est de -28°C. Aujourd’hui, nous nous essayons au ski alternatif, car la neige très froide ne glisse pas du tout en skating. Philippe et Laurent persistent et signent pour en baver en skate. Nous changeons donc de partenaires et partons avec Patricia, Jean et Ivan. Jean nous donne de bons conseils sur le «pas alternatif», la «double poussée» et le «un pas — double poussée». Nous ne sommes pas des adeptes de l’alternatif et cela nous permet de comprendre la technique et de trouver nos propres repères. Je suis surpris de voir que malgré la technique différente, le skating nous aide dans les appuis sur le ski de glisse — ski de propulsion, la recherche de la glisse, les changements de pas, etc. Bref, on ne se sent pas de complets débutants et l'on peut se faire plaisir!

Au démarrage, nous prenons le même itinéraire que le 1er jour, tout d’abord en forêt, endroit idéal par ce grand froid pour attraper l’onglée. Arrivée au gîte de Velhonkota, à 250m d’altitude, je sors les chaufferettes que je n’avais pas utilisées pour gravir le Licancabur, à 5900m d’altitude! Allez comprendre quelque chose! Sentir une douce chaleur dans les moufles, quel bonheur alors que le froid est toujours aussi piquant. Patrick acquiert le bon geste en glissant de mieux en mieux dans les rails. Quant à moi, cela vient aussi, mais je ressens une douleur au niveau des adducteurs. Après la montée le long du gîte, nous quittons l’itinéraire du 1er jour pour prendre une nouvelle piste. Le paysage est toujours aussi magnifique, les arbres se courbent sous le poids de la neige, laissant libre cours à l’imagination: oh! quel bel escargot! et ce champignon! Nous faisons une petite pause à Tunturijärvi où nous aurions dû voir des oiseaux… Au lieu de cela, nous rencontrons un groupe d’Anglais, avec qui Jean avait échangé lors du Marathon de Bessans en janvier: le monde des skieurs de fond est vraiment petit!

Puis, nous repartons en direction d’Aurinkotupa pour nous restaurer au chaud. Au bas d’une grande descente, Ivan n’a pas fait attention que Jean s’est arrêté dans les rails, et ne sachant pas en sortir, c’est la chute pour tous les deux… et un trou sur la piste! Sur ces entrefaites, nous croisons Philippe et Laurent qui rament en skating. De plus, ils n’ont pas choisi la facilité en s’attaquant aux quelques pistes noires du domaine. Nous nous arrêtons au gîte d’Aurinkotupa pour un Mehu bien chaud, un gâteau et un café et nous sortons notre sandwich préparé le matin: nous sommes maintenant d’attaque pour repartir. Nous prenons la piste que nous avions empruntée le 1er jour, mais en sens inverse. C’est une jolie piste bleue alternant forêt et paysage dégagé, planté de quelques bouleaux rachitiques. Nous guettons les rênes, qui ont laissé empreintes et crottes sur la piste, mais en vain… Nous atteignons le village de Luosu et son lac. Avec un grand ciel bleu, c’est beaucoup plus photogénique que dimanche sous les nuages. Encore une dizaine de kilomètres et nous serons de retour à Akäslompolo.

N’ayant pas l’habitude du ski alternatif et manquant de glisse, je trouve cela fatigant… mais bien agréable tout de même. Après le long plat très roulant, nous attaquons une bonne grimpette pour rejoindre la piste qui longe la ligne électrique, avant d’arriver à Velhonkota. Les lumières sont très belles en cette fin d’après-midi et Patrick reprend quelques photos du refuge. Jean et Patricia me conseillent de rentrer juste pour voir l’ambiance. Quel contraste entre la clarté extérieure et la pénombre intérieure! Une fois l’œil habitué, je découvre quelques personnes autour des tables éclairées par des bougies, le tout dans une ambiance très intimiste. Dommage que cela ferme, car ce gîte semble très sympa. Les derniers kilomètres en montagne russe semblent durs. Heureusement, le soleil nous accompagne jusqu’au bout donnant de très beaux rayons de lumière entre les arbres. Vers 17h30, nous rentrons contents, mais bien fatigués de nos 38km parcourus. Le sauna nous attend pour un bon moment de détente avant le repas.

Ski de fond en Laponie finlandaise, Mercredi 13 Mars

Moulin d'Akäs, ou comment se mettre dans le rouge!

Le temps est toujours aussi beau mais le mercure descend de jour en jour, ce matin il fait -30°C à 7h. La majorité du groupe prend le bus pour le nord du domaine, Akäs-mylly, c'est-à-dire le moulin d'Akäs. Le lieu est idyllique, une rivière bordée d'arbres givrés, un moulin et des pistes prêtes à accueillir les skieurs. Le temps de faire quelques photos et c'est gagné: j'ai attrapé l'onglée. Je récidive donc avec les chaufferettes, c'est tellement confortable.

Nous partons avec Philippe et Laurent en skate, plein nord tandis que les autres partent à l’opposé pour rejoindre le plus directement Akäslompolo, situé à environ 22km. Nous sommes en forêt, rejoignons un lac, la température est glaciale. Les skis crissent sous le froid. Aucune glisse, nous sommes scotchés à la piste, la journée commence fort… Pour le moment, c’est relativement plat, mais dès la première montée, c’est l’enfer. Chaque pas est une lutte. Heureusement, la neige a tellement de retenue que l’on peut emprunter les rails sans glisser à l’arrière! Mais c’est tellement beau, tellement pur que je supporte les outrages du froid, les douleurs de l’effort, tête haute comme tous ces arbres, attendant patiemment, car il y aura bien une fin. La voici! Nous sommes arrivés au sommet! Et quelle récompense que la perspective d’une descente bordée de pins, déguisés comme pour le carnaval! C’est grandiose! La descente est entrecoupée par les arrêts photo: quel dommage de perdre de la vitesse, mais, c’est vraiment trop beau pour passer sans s'arrêter!

Après cette grande descente, un long plat relativement roulant malgré la neige froide. Puis de nouveau une montée interminable, un chemin de croix cadencé par les arrêts photo. Les hommes m’attendent en haut. Une pancarte indique Kota Maja 7km. Nous pensions manger là-bas, mais au fur et à mesure, j’ai une sérieuse baisse de régime. Le froid pompe toute notre énergie, nous allons être obligés de manger au bord de la piste. Nous sortons de la forêt pour profiter pleinement du soleil. Le sandwich nous fait du bien. Mais cela suffira à peine pour couvrir les quelques kilomètres qui nous séparent de Kota Maja, d'autant plus que le profil de piste est plutôt montant. Un Mehu bien chaud et une pâtisserie vont nous aider à parcourir la dizaine de kilomètres restants. Une petite montée, une belle descente puis un profil plat descendant jusqu’à l’arrivée ou presque. Nous rattrapons le groupe en alternatif et nous nous rapprochons du but. Nous rentrons vers 16h30 avec seulement une trentaine de kilomètres au compteur, mais épuisés comme si nous en avions parcouru le double. Une bonne bière, un bon sauna, et la fatigue partira… Comme chaque soir après le repas, nous sortons prendre le «frais» et partons à la chasse à l’aurore boréale! Nous marchons la tête en l’air, scrutons les cieux, mais le froid et la fatigue gagnent une fois de plus et nous rentrons bredouille.